dimanche 26 juin 2011

[Grèce : appel international à la solidarité]

[publié il y a plus d'un mois, cet appel à la solidarité en provenance d'une assemblée anarchiste d'Athènes est toujours d'actualité étant donné les récents évènements -relayés ci-dessous-. ]

Grèce : Appel URGENT à la
solidarité internationale

Publié le 20 mai

Compagnons,

Le but de ce message est de vous informer brièvement de ce qui se passe ces derniers jours dans notre pays et de lancer un appel international de solidarité à tous les anarchistes à travers le monde.

La Grèce est sur un tour­nant cri­ti­que, et de nom­breux chan­ge­ments cri­ti­ques ont lieu tant dans la société que dans l’économie et la poli­ti­que. La désin­té­gra­tion et la dis­so­lu­tion du modèle domi­nant -jusque récem­ment- de pou­voir et d’exploi­ta­tion est plus qu’évidente et défi­nie ce qui est com­mu­né­ment appelé « crise ». Ce que nous vivons main­te­nant est la faillite totale d’un sys­tème inca­pa­ble d’assu­rer plus long­temps un consen­sus social. Ainsi s’engage une atta­que fron­tale, incondi­tion­nelle et sans pré­texte.

Initialement, au début de cette condi­tion qui a été appe­lée « crise », l’atta­que s’est pro­duite en termes maté­riels. Avec la déva­lua­tion du tra­vail, la réduc­tion hori­zon­tale des salai­res, la « flexi­bi­lité » du tra­vail, l’ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion de la pré­ca­rité, l’aug­men­ta­tion du prix des pro­duits de consom­ma­tion et de la fac­tu­ra­tion des ser­vi­ces publics, l’aug­men­ta­tion des impôts et la réduc­tion des aides socia­les. Dans le même temps, la vente de la richesse publi­que à des par­ti­cu­liers, la pré­sence poli­cière géné­ra­li­sée dans les rues, les ventes aux enchè­res, la hausse du chô­mage ont com­mencé ...

A cela s’ajoute le déclen­che­ment d’une atta­que de pro­pa­gande sans pré­cé­dent. Les médias de masse contrô­lés par l’état et le capi­tal se déchai­nent à un rythme effa­rant catas­tro­phi­que, publiant des scé­na­rios de désas­tres et fai­sant des gran­des révé­la­tions comme « Si la troïka n’approuve pas le pro­chain ver­se­ment du prêt, nous allons tomber en mor­ceaux… » Avec tout cela, le méca­nisme de com­mu­ni­ca­tion du pou­voir gère à brouiller en per­ma­nence les pistes et main­te­nir une situa­tion de ter­reur, assu­rant fina­le­ment la para­ly­sie de la société.

Cependant, la résis­tance n’a jamais cessé pour une partie de la société grec­que et le pro­lé­ta­riat. Les décla­ra­tions spo­ra­di­ques de grèves géné­ra­les sont entou­rées d’une façon ou de l’autre par des per­son­nes qui résis­tent acti­ve­ment et expri­ment leur volonté de se battre contre ces condi­tions impo­sées par l’état et le capi­tal.

Une nou­velle fois à Athènes lors de la grève géné­rale du 11 mai, des dizai­nes de mil­liers de mani­fes­tants ont défilé et exprimé leur oppo­si­tion aux nou­vel­les mesu­res anti­so­cia­les du gou­ver­ne­ment grec qui s’abat­tent sur les tra­vailleurs et la majo­rité de la popu­la­tion. Pendant cette mani­fes­ta­tion après qu’une grosse partie du cor­tège a passé le par­le­ment et appro­chait de la fin, les flics atta­què­rent vicieu­se­ment les blocs les plus radi­caux –anar­chis­tes et anti-au­to­ri­tai­res, assem­blées de quar­tier, bases syn­di­ca­les, gauche extra-par­le­men­taire - sans qu’il n’y a eu de pro­vo­ca­tion. Ils les frap­paient avec une sau­va­ge­rie sans pré­cé­dent et tiraient des cen­tai­nes de lacry­mos, jusqu’à ce que les blocs soient dis­per­sés. Plus de cent per­son­nes ont été hos­pi­ta­li­sées, et cer­tai­nes opé­rées.

Le cama­rade Yannis est le mani­fes­tant dont l’état de santé est actuel­le­ment le plus cri­ti­que. Ayant subit une atta­que meur­trière par les flics qui lui a causé de graves bles­su­res à la tête, il dut être trans­féré à l’hôpi­tal dans un état ante mortem –selon le rap­port médi­cal déli­vré plus tard. Après le cons­tat de l’ampleur de l’hémor­ra­gie interne par les méde­cins, il dût subir aus­si­tôt une inter­ven­tion chi­rur­gi­cale ; il est depuis intubé en Clinique de soins inten­sifs. Sa situa­tion reste cri­ti­que mais stable, sans pour autant être tiré d’affaire.

Il est évident que ces atta­ques meur­triè­res contre les gré­vis­tes, ce mer­credi 11 mai, avaient pour seul objec­tif, d’inti­mi­der le peuple et tous ceux qui résis­tent aux atta­ques du pou­voir étatique et capi­ta­liste. C’était un acte exem­plaire pour l’assu­jet­tis­se­ment de la popu­la­tion, sem­blant leur déli­vrer le mes­sage : restez à la maison, tran­quilles et dis­ci­pli­nés.

Dans le cadre de la même pro­cé­dure la sou­ve­rai­neté « emploie » de plus en plus l’extrême-droite qui n'est qu'une « rami­fi­ca­tion » de l’état. La flam­bée récente de vio­len­ces racis­tes dans tout le pays, a atteint son apogée la semaine der­nière. Instrumentalisant le meur­tre de sang-froid d’un rési­dent d’Athènes pour une his­toire de vol, fai­sant des immi­grés une cible, un pogrom sans pré­cé­dent contre les immi­grés a été déclen­ché. Des grou­pes de fas­cis­tes issus d’orga­ni­sa­tions ou auto­no­mes, des racis­tes, et des per­son­nes d’extrême droite, ont saisit l’oppor­tu­nité pour se réunir tous les soirs et atta­quer des immi­grés, en bles­sant plu­sieurs, et la mort d’un immi­gré économique semble leur incom­ber. Dans le même temps, les néo-nazis, assis­tés de la police, atta­quent les squats du centre-ville et nous met­tent dans une situa­tion ou nous devons se défen­dre contre la bar­ba­rie poli­cière et la bru­ta­lité des fas­cis­tes met­tant nos vies en danger.
La gra­vité de la situa­tion est évidente. Au moment où la société se fait atta­quer sans pré­cé­dent en termes maté­riels, les par­ties poli­ti­ques de la société les plus radi­ca­les – le milieu anar­chiste étant le prin­ci­pal- sont ciblés par les fas­cis­tes et la police- et cette fois ci lit­té­ra­le­ment si on prend compte de la rage meur­trière des atta­ques.

C’est pour cela que nous lan­çons de toute urgence un appel inter­na­tio­nal de soli­da­rité !

La soli­da­rité a tou­jours été une des valeurs carac­té­ris­ti­ques de l’anar­chie. Nous avons tou­jours compté sur la soli­da­rité pour sou­te­nir nos luttes, com­bat­tre l’iso­le­ment et la retraite dans la vie privée, encou­ra­gés par le pou­voir étatique, ainsi que l’indi­vi­dua­lisme et le déman­tè­le­ment de la notion de col­lec­tif que le capi­ta­lisme pro­meut.

Maintenant que la société grec­que et le pro­lé­ta­riat souf­frent d’une dété­rio­ra­tion sans pareil de ses condi­tions de vie, main­te­nant que les anar­chis­tes sont sous une telle oppres­sion qui prend actuel­le­ment des dimen­sions de ten­ta­tive de meur­tres, main­te­nant que le milieu poli­ti­que anar­chiste est sous la menace de la vio­lence de l’état et des fachos, nous avons besoin de voir nos com­pa­gnons, tout autour du monde, appe­ler à des actions de soli­da­rité pour notre lutte ; d’orga­ni­ser des événements, des mani­fes­ta­tions, des mar­ches, de pro­tes­ter, par des textes, en parole et en acte, par tout ce que les com­pa­gnons jugent le plus appro­prié. Toutes les expres­sions de soli­da­rité révo­lu­tion­naire, que les anar­chis­tes connais­sent et veu­lent démon­trer, revi­ta­li­se­ront nos esprits et ren­for­ce­ront nos luttes.

Salutations fra­ter­nel­les,

Groupe des communistes libertaires (d’Athènes)

publié dans le journal grec "Eutopia", traduit par Contra-info.net

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