Affichage des articles dont le libellé est Squats - Logements - Espaces libérés. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Squats - Logements - Espaces libérés. Afficher tous les articles

samedi 16 juin 2012

"Occupation et défense des espaces autogérés" Alfredo Bonanno

Par espace social autogéré, nous entendons un espace urbain pris
par un certain nombre d'individu-e-s dans le but de l'utiliser
directement, pour leurs propres objectifs, au-delà de la logique du
pouvoir capitaliste et de l'exploitation.

Par rapport à des espaces sociaux (écoles, casernes, usines, etc...), où une fonction spécifique est imposée, visant à garantir les
intérêts du capital, la lutte pour la conquête d'un espace social autogéré constitue une tentative importante et continue de
pratiquer une liberté d'action et d'expression qui serait impossible partout ailleurs.

Depuis le début, donc, cette lutte s'est constituée d'un certain nombre d'actions anti-autoritaires qui sont parties d'une analyse critique de la société de classes et de ses principales fonctions. 

Ce sont donc des luttes qui adoptent la méthode auto-organisationnelle, elles essaient de réaliser la liberté et l'égalité sociale et individuelle, indispensables tout au long de la route qui procède de l'abolition du pouvoir et de l'exploitation capitaliste.

La méthode auto-organisationnelle est la seule qui empêche une
instrumentalisation de la lutte par les partis politiques, syndicats,
représentants du Conseil, etc. Mais pour que cela se produise,
il est nécessaire que cette méthode soit employée correctement,
garantissant la liberté de décision dans tout ce ce qui se fait au
cours de la lutte.

De cette auto-organisation, 
deux phases peuvent être distinguées :

A) L'auto-organisation de la lutte pour la conquête de l'espace
social par le biais du squat (de l'occupation)
B) L'auto-organisation de la lutte pour la défense de l'espace social
à travers une ouverture vers l'extérieur.

En ce qui concerne la première phase, il faut dire que l'occupation
ne peut être réalisée que si elle a réussi à constituer une structure
collective basée sur une affinité précise entre les individu-e-s qui lui
appartiennent. Cette affinité n'est pas tant idéologique que
substantielle. L'existence de désirs et de problèmes en communs
permettent, à un moment donné, pour un groupe de personnes de
se réunir pour lutter contre l'exploitation en commun. C'est une
chose sur laquelle nous devons être très clairs.

La domination de classe du capital est la cause de l'absence
actuelle d'espace sociaux autogérés, et la cause de la présence
d'espaces sociaux fictifs : Précisément parce que l'exploitation
économique et sociale qui sert les intérêts du pouvoir et du capital
est réalisée au sein de ces derniers. La lutte pour la conquête de
« véritables » espaces sociaux passe donc nécessairement par une
rupture violente avec la logique de domination du capital. Celle-ci
ne peut pas et ne restera pas passive devant nos initiatives
concrètes de libération des espaces sociaux, parce que ces
initiatives constituent un danger considérable pour elle.

L'État et le capital nous imposent des limites précises qui,
lorsqu'elles sont dépassées, nous mettent immédiatement dans la
condition de « hors la loi ». Squatter signifie aller au delà de ces
limites, squatter signifie devenir «hors la loi». C'est pourquoi une
rupture violente avec les règles qui nous ont été imposées est
nécessaire. C'est pourquoi il est nécessaire de squatter.
Concernant la deuxième phase, il est plus qu'évident que nous
devons savoir comment prendre notre liberté nous-mêmes, par le
biais de nos luttes. Il n'est écrit dans aucune constitution que
quelqu'un nous la donnera. Et ceci est valable pour l'espace social:
personne ne nous le donnera. Quiconque en est propriétaire le 
gère et l'utilise en fonction de ses propres intérêts (qui sont parfois de
ne pas les utiliser du tout et simplement les laisser vides).

Lorsque ces espaces nous sont donnés, c'est afin de mieux nous
contrôler et nous ghettoïser, au lieu de nous jeter les flics au cul 
(ce qui coûte de l'argent), ils peuvent savoir où nous sommes et le
genre de choses dont nous parlons. C'est pourquoi, parfois, ils sont
bien contents de nous donner des espaces, surtout après que nous
entreprenions des actions d'intervention dans la réalité sociale.
Il est évident que nous n'avons pas besoin d'espaces de ce genre,
qui ne peuvent pas être appelées auto-gérés, parce que l'autogestion
n'est pas seulement une question de gestion de l'intérieur
du lieu.

Nous devons donc prendre nos espaces nous-mêmes, c'est à dire
les squatter. Mais la question n'est pas seulement de les prendre, il
s'agit aussi les défendre. Cette défense ne doit pas se résumer à
nous barricader nous-mêmes derrière un mur et mettre des
barbelés à l'extérieur. Nous ne pouvons pas nous limiter à
simplement nous assurer que les flics ne rentrent pas.

Pour défendre un espace social, il est nécessaire de développer,
qualitativement et quantitativement, une intervention extérieure et une capacité à développer un discours ayant une certaine signification et ne pas simplement nous réduire à la satisfaction de nos propres intérêts ou l'exercice de nos capacités personnelles. 



Musique, poésie, etc, sont des activités très intéressants, mais si
elles restent enfermées dans l'espace, même squatté, elles 
tendent tout simplement à devenir une autre caractéristique du ghetto.

La meilleure façon de défendre l'espace conquis est donc
l'ouverture vers l'extérieur. Pour conclure nous pouvons dire: la
conquête de l'espace ne peut se faire qu'avec l'occupation par la
force, en celà que les autres chemins (tel que la négociation) ne
fonctionnent pas (ne sont pas valides).

Après l'auto-gestion de l'espace, vient la question de la défense en
général qui ne consiste pas seulement en des aspects minimes que
nous pourrions définir comme «militaristes», mais aussi, et surtout,
à l'ouverture vers l'extérieur, au fait de parler aux gens, de se
rencontrer et de lier sa propre situation à la situation du quartier
où on se trouve.

Alfredo M. Bonanno


[traduit et publié en anglais pour la première fois en 2007 dans la revue insurrectionnaliste londonienne "Deranged Issue 0" (numéro zéro), dans un texte appelé "Struggle for self-managed social spaces" (La lutte pour les espaces sociaux autogérés), qui rassemblait ce texte et "Espace et Capital" (aussi traduit par nos soins) de Bonanno. Nous en livrons une première traduction en français. Afin de faciliter la compréhension et d'éviter la redondance, le terme "self-management" a été traduit alternativement par "auto-gestion" et "auto-organisation" en fonction du contexte, même si le terme réfère plus précisément au concept d'auto-gestion.] 

mercredi 11 avril 2012

"Le mur est une tristesse élevée entre deux jardins"

Quelques affiches d'ici et d'ailleurs, trouvées à Paris...


Nous sommes contre la prison...

Nous sommes contre la prison parce qu'elle est née et s'est développée pour défendre les privilèges des riches et le pouvoir.

Nous sommes contre la prison parce qu'elle ne sert qu'à enfermer les pauvres et gérer la misère.

Nous sommes contre la prison parce que le bruit de la clé dans la serrure d'une cellule est une torture quotidienne, l'isolement une abomination, la fin du parloir une souffrance, et le temps enfermé un sablier qui tue à petit feu.

Nous sommes contre la prison parce que nous n'avons pas oublié la grisaille pénitentiaire des couloirs de l'école et que les sonneries résonneront toujours en nous comme la cadence du dressage.

Nous sommes contre la prison parce qu'il y aura toujours des maton-nes pour étouffer nos révoltes.

Nous sommes contre la prison parce que nous voulons changer radicalement cette société, pas nous intégrer pacifiquement dans ses villes, dans ses usines, dans ses casernes dans ses supermarchés.

...Parce que ce monde n'en a que trop besoin

-------------------------------------------------------------------------------------------------

Avis de tempête

La vie n'est pas une croisière où tout le monde s'amuse :
un emploi perdu, une allocation menacée par les mesures d'austérité, une centrale nucléaire qui pète, un-e proche arrêté-e par les flics, une survie toujours plus difficile. Et dans ce monde en perpétuelle transformation, on s'attend à une prochaine tempête.

Beaucoup s'en remettent à la démocratie et font confiance à ses institutions, que ce soit les élections comme les syndicats, la police comme la justice, assurant au pouvoir la perpétuation dont il a besoin. Les sangsues nationalistes, religieuses et communautaires s'agitent, sentant que la situation peut leur être propice.

De sont coté l'Etat se prémunit, resserre son contrôle et construit de nouvelles prisons pour enfermer les indésirables, les récalcitrant-e-s, celles et ceux qui se révoltent, celles et ceux qui préfèrent voler dans les magasins et arnaquer les allocs plutôt que de crever la dalle.

Mais le vent pourrait tourner.
En Angleterre, des milliers de gens ont brisé les règles du jeu le temps de quelques nuits d'août enflammées. De Lampedusa à Christmas Island, des prisons pour étranger-e-s sont incendiées par les sans-papiers qui y sont enfermés.
En Tunisie comme en Egypte, des révolté-e-s s'attaquent au pouvoir en place. Tout cela nous porte à croire que l'on peut changer radicalement l'Existant.

Nous ne voulons pas de leur religion, de leurs prisons, ni de leur nation et de leurs frontières.
Parce que le pouvoir perpétuera toujours la domination et l'oppression, il n'y a rien à faire de leur démocratie, qu'elle soit de gauche ou de droite, représentative ou réelle.

-------------------------------------------------------------------------------------------------


Ils font ce qu'ils peuvent pour nous enterrer mais ils ont oublié que nous sommes de la mauvaise graine...

Nous occupons les bâtiments vides. Nous basons nos vies sur l'égalité et la solidarité. Les principes de l'auto-organisation s'enracinent et ainsi s'enracinent aussi nos projectualités révolutionnaires, jusqu'à ébranler les fondations de toutes les formes de domination.

Contre la réalité de la marchandisation, de l'aliénation et des médiations, nous répondons avec notre passion inébranlable pour la liberté.

Nous squattons parce que nous ne voulons pas vivre à la solde d'un propriétaire qui nous prive des 2/3 de nos revenus. L'immense majorité des appartements ou des immeubles loués sont construits par des salarié-e-s et non par ceux qui les possèdent. Les propriétaires tirent toute la valeur de leurs "biens" de la rente qu'ils extorquent à leurs locataires avec leurs agences immobilières, bailleurs, et autres gestionnaires de misère sous la menace des huissiers et des flics. Nous refusons la logique d'une société qui nous pousse à nous faire exploiter dans des boulots de merde payés des miettes pour faire tourner le marché de l'immobilier, engraisser des capitalistes et des propriétaires...

A travers les espaces libérés
nous ouvrons des chemins
pour une société sans hiérarchies,
sans Etat, et sans classes.

Contre toutes les expulsions :
Organisons l'autodéfense ! Grève des loyers !

Abolition de la
propriété privée !

-------------------------------------------------------------------------------------------------


Spéculation immobilière
Rénovation urbaine
Gentrification
Expulsion

Squat
Réappropriation
Grève des loyers

NE LAISSONS PAS
LE QUARTIER
AUX RICHES



-------------------------------------------------------------------------------------------------


Aujourd'hui comme hier,
Il y a milles raisons de se révolter !

Le 14 septembre 2011, le nouveau mandat d'arrêt européen a permis à la France d'extrader Sonja et Christian vers l'Allemagne. Soupçonnés d'avoir participé il y a plus de trente ans à des actions contre le nucléaire et la gentrification, et d'avoir appartenu aux Cellules Révolutionnaires, ils y ont été emprisonnés dans l'attente d'un procès. Christian, gravement malade a été mis en liberté provisoire tandis que Sonja est toujours emprisonnée à Francfort.
Ses 79 ans ne la mettent pas à l'abri de la vengeance d'Etat.

Ils sont l'objet d'un acharnement judiciaire lourd de sens : on voudrait nous faire croire que seule la résignation est possible et qu'on ne que marcher au pas. France et Allemagne travaillent main dans la main lorsqu'il s'agit de nous enfermer, comme lorsqu'il s'agit de gérer notre exploitation et de nous soumettre à une économie mortifère.

Sonja et Christian se sont acharnés toute leur vie à rester libres. Aujourd'hui, encore et toujours, ils se battent pour ne pas être séparés et enfermés, tandis que partout, encore et toujours, il faut se battre avec la détermination des rhinocéros pour ne pas se laisser anéantir.


Leur combat est le nôtre.
Notre solidarité est leur force.

Solidarité avec Sonja et Christian !

dimanche 8 avril 2012

Recit de la manifestation contre les expulsions du 17 Mars [Paris]

[nous republions ce récit de la manifestation du 17 mars et quelques images, dans l'espoir que les volontés et perspectives autonomes portées à cette occasion ne restent pas lettre morte, et que cette première initiative ne soit pas la dernière, tant ses cris (grève des loyers, abolition de la propriété, etc...) expriment la nécessité d'un mouvement autonome de mal logés, squatteur/euse-s, etc... contre la propriété privée et pour la gratuité des logements en particulier et de la vie en général]

Ce texte est un simple récit. Il ne prétend pas être parfait ni retranscrire l’ensemble des évènements ni leur exactitude. C’est un point de vue et les impressions du moment pour ceux et celles qui n’y étaient pas. Commentaires, photos et vidéos (visages floutés) bienvenues !

Arrivée à Alexandre Dumas à 13h10, une petite foule s’est déjà amassée sur le trottoir à gauche de la bouche de métro. Les gens se regardent et se saluent, commencent à discuter. Un camarade dit l’air un peu dégouté "Ah... ya pas énormément de monde". Un autre lui répond ironiquement "Patience, c’est pas le premier mai". Il y a un peu moins de 200 personnes.

On fignole les préparatifs. Des gens ont ramené des autocollants couleurs sur plusieurs thèmes (squat/logement, mais aussi prisons, révoltes, grève, liberté de circulation et frontières, nucléaire, etc) et des fumigènes.

Les banderoles sont hissées sur des manches en bois et le cortège qui a déjà bien grossi commence à se mettre en branle sur le boulevard de charonne.

On lit en vrac sur les banderoles : sur celle de tête "Un logement pour tous" et je ne sais plus quoi, une autre immense au milieu « la restructuration urbaine : c’est la chasse aux pauvres », une autre en blanc sur noir "si tu veux être heureux, pends ton propriétaire", une autre en français et en arabe "ni gauche, ni droite : liberté !", et une en noir sur fond rouge "Contre toutes les expulsions : grève des loyers - occupations - autodéfense. Abolition de la propriété privée !" avec des illustrations. Il y a maintenant autour de 450 personnes environ. La manif qui part vers 13h30 fait le tour du quartier.

L’ambiance est bien chaude, la batucada qui est lancée fait son petit effet, quoi qu’on en dise. Une petite camionnette recouverte d’affiches crache par le son de sa sono quelques slogans et notamment "les maisons sont vides : occupation ! les loyers sont trop chers : occupation !" reprise en coeur et à quoi la manif répond "grève, grève, grève des loyers ! crève, crève, crève les huissiers !" tout au long du parcours. On remonte la rue d’avron en direction du périph’ et les gens dans la rue sont et aux fenêtres sont souvent contants. La manif a encore grossie rejoint par quelques retardataires et passant-e-s aquis-e-s à l’ambiance.

D’autres slogans assez sympatiques et offensifs fusent : "j’y suis, j’y reste : on ne m’expulsera pas !", "explusion = baston, nouvelle occupation !", "des beaux quartiers, mais sans policiers" ou encore "des maisons, pas des prisons".

Contre toute attente, les flics se font discrets quoi que présents (quelques civils qui se baladent dont un coupé citroene C5 couleur beige sombre / mativoire, en queue de manif, des flics à vélo qui se font plus ou moins refoulés en tentant de passer dans la manif à un moment, et enfin la bagnole et les motos-crottes en tête mais sans accrochage et les gens restent alertent et réactifs. Sur tout le parcours, plusieurs tags sont posés avec ou sans pochoirs sur les agences immobilières, les promoteurs (bouygues, etc...) ou encore les banques tels que "le capitalisme fait crever les peuples : crevons le capitalisme" ou encore " contre les expulsions et le marché de l’immobilier : squattons !". Des affiches sont aussi systématiquement collées sur les profiteurs de misère sus-cités. Une notamment qui dit " Spéculation immobilière, rénovation urbaine, gentrification : squat, réappropriation, grève des loyers. Ne laissons pas le quartier aux riches". Tout le long de la manif, des pétards éclatent.

Une banderole immense en solidarité avec les inculpé-e-s de l’affaire dite de la « dépanneuse » en "anti-terroriste" (Inès, Javier, Damien, Ivan, Bruno et Franck) a été préalablement attachée sur un pont au dessus de la rue d’avron par des petites mains agiles : « Justice, Police, Guerre, Le terroriste c’est l’Etat. Propageons la révolte et nos mauvaises intentions »

La manif arrive enfin au rond point de la porte de montreuil et plusieurs pétards sont jetés. On danse, on crie, on chante les slogans à tue-tête. Un camarade lâche "on est plus nombreux que la manif du DAL" et surtout quelle ambiance. Malgré un certain "calme", ça nous change des manifs de soc-dems. Un gros tag "Plutôt squatteurs que procureurs" est posé sur un mur.

On passe le périph’ et une camarade à la sono prévient "on arrive à montreuil", les slogans et la manif sont bien accueillis rue de paris, un autre slogan presque dérisoire fuse pendant quelques secondes "contre la vie chère, et le chômage : grève, pillage, et sabotage" et encore "grève des loyers" et les autres qui sont repris en boucle. Plusieurs passant-e-s applaudissent et sourient ou commencent à danser sur le rythme de la batucada et suivent. Après un "gauche, droite, même arnaque" un mec s’énerve depuis la terrasse d’un café et crie "non la gauche c’est bien et la droite c’est nul" (sic). Et la manif continue. Arrivée à croix de chavaux

Plusieurs tracts sont distribués. On en retiendra un pour l’anecdote, appelé « les 3 petits cochons » et qui n’est ni plus ni moins que la gentrification et les expulsions locatives (et quelques moyens d’y remédier) expliqués aux enfants (petits et grands) avec des loups flics et des maisons en carton. Et un autre "petites chroniques bellevilloises" avec des brèves sur le quartier du 20e arrondissement. Ou encore évidemment celui de la manif.

Les banderoles sont alignées une dernière fois sur la place de la croix de chavaux dont une contre Hochard (le chef de l’A.S.V.P, la milice montreuilloise qui expulse -entre autre-) aux sons de "squattons ! squattons : ça fait une occupation" et de quelques slogans chantés en occupant la rue pendant une petite demi-heure. La pluie a finalement sonné l’ordre de dispersion que personne n’aurait jamais donné.

Au vu du monde et de l’ambiance de la manif, on se dit que l’auto-organisation finit par payer. En effet : vivement la prochaine... et qui sait, avec plus de monde encore. Car en attendant les expulsions "reprennent" et continuent.

Contre la restructuration urbaine, la gentrification et toutes les expulsions : squats et nouvelles occupations ! Vive la grève des loyers ! Abolition de la propriété privée !

Source : La base de données anarchiste, depuis Indy Paris, lundi 19 mars 2012 [+ rectif de quelques erreurs sur des slogans].

lundi 26 mars 2012

" Espace et capital " par Alfredo Bonanno


ESPACE ET CAPITAL
Aucune partie de l'espace physique ne peut être isolé de l'interférence du capital, que ce soit dans l'univers ou dans les profondeurs de l'océan, les montagnes ou les rivières, les mers ou les déserts, la grande métropole ou le plus petit, le plus reculé des villages. Toute une série de relations se croisent et se chevauchent : les éléments sans liens apparents sont liés par la matrice commune de l'exploitation. On se fourvoierai encore en tentant d'aller quelque part au loin, en dehors du monde comme on dit, pour y découvrir que les mécanismes du capital continuent de nous atteindre et fonctionnent parfaitement. Cela explique pourquoi nous sommes contre l'écologisme, de même que nous sommes contre toute autre «alternative» et toute proposition qui prétend faire quelque chose contre l'exploitation en isolant une partie de la réalité du reste. Bien sûr, nous partons aussi depuis des points de replis dans nos interventions, mais nous ne nous leurrons pas en croyant que l'on pourrait vraiment attaquer l'ennemi en restant au sein de cette «partie».Afin de passer à l'attaque, nous devons remédier à la fragmentation (des luttes) qui, à un certain point devient un choix nécessaire, mais est essentiellement une stratégie qui a été imposée à nous par le capital.Maintenant, le plus grave pillage opéré par l'exploitation, la charge qui a le plus de conséquences, est le vol du temps et de l'espace. Ces deux privations sont substantiellement liées. Le Capital vole notre temps en nous obligeant à travailler et en conditionnant nos vies, en les infestant d'horloges, d'engagements, de délais et ainsi de suite, jusque dans les moindres détails. En volant notre temps, il nous empêche de nous comprendre. Il nous aliène. Sans le temps, nous n'aurions même pas remarqué le vol de l'espace. Nous avons besoin de temps afin de prendre conscience de la présence même de l'espace. Pour penser, pour écouter, pour rêver, pour désirer. En vivant l'espace en termes de distance, de kilomètres à parcourir, de déplacement d'un endroit à l'autre, nous perdons de vue notre relation avec les choses, la nature, le monde entier.
Le Capital nous a volé du temps (car il en avait besoin pour la production) - puis est venu le système du contrôle et de la répression, et, enfin, la généralisation du consensus. Maintenant, nous sommes confrontés à la nécessité de passer à la réappropriation de notre temps et de l'espace. Notre attaque ne peut manquer de causer des dommages et de la ruine. C'est dans la logique des choses, la logique de la guerre de classes. Le projet du pouvoir est global. Il ne peut pas permettre l'existence "d'espaces vides". Notre projet de libération est aussi mondial, pour la raison opposée. Il ne peut pas permettre que des espaces libres n'existent pas. Si nous devions laisser le capital atteindre la domination mondiale à ce niveau, nous serions morts pour de bon.Heureusement, la route que devra parcourir le pouvoir afin d'achever sa mondialisation est encore longue. Ainsi comme l'espace (et les heures) détournées à un niveau global, le capital est en train de diviser la réalité en deux parties distinctes. Il ne s'agit plus seulement de l'ancienne fragmentation, mais d'une nette séparation, d'un véritable mur, entre inclus et exclus. La première partie sera la garantie d'un état de privilège, de domination, de niveaux élevés de culture, de projectualité et de créativité, et la seconde, une condition de survie, de consensus, de sous-cultures, de résignation ventre à terre, de manque de stimulation et peut-être même de manque de besoins. Dans cette perspective, le Capital et l'Etat exigent une disponibilité totale de l'espace social. Rien ne doit échapper à leurs contrôle.
Et ce n'est pas tout. Le Capital dispose désormais de technologies à sa disposition qui ne lui permettent pas tant la possession de l'espace que sa production réelle. Pensez à sa capacité à communiquer en «temps réel» entre deux points distincts séparés par des milliers de kilomètres de distance. Cela ne veut pas seulement dire changer l'ordre productif (variété, la créativité, les stocks, etc) mais aussi, et surtout, l'ordre humain des relations sociales (qui sont aussi économiques). Donc, le capital est effectivement la production de l'espace sur la base de son projet d'exploitation et de domination. Il transforme et détruit la nature, modifient les villes et les terres, détruit les mers, les rivières et les lacs, en soumettant les distances stellaires à sa logique militariste. L'espace produit de cette manière sert alors à canaliser les individus. Nous nous trouvons donc dans des embouteillages énormes, dans les accélérations le long des autoroutes, debout dans les files d'attente au supermarché. Nous sommes affligés par le chaos de la circulation, les rendez-vous qu'il ne faut pas manquer, les intérêts fictifs qui nous font nous sentir mal, nous obligent à être de manière insensée et perpétuellement en mouvement. Nous nous déplaçons dans des espaces qui ont été programmés pour nous, mais que nous imaginons que nous avons «choisi» nous-mêmes. Nos maisons sont pleines d'objets inutiles et dangereux. L'espace est devenu restreint ou a plutôt changé selon les besoins de la production capitaliste qui a besoin de vendre des télévisions, des réfrigérateurs, des machines à laver, des meubles intégrés dans les cuisines. Alors, presque sans s'en apercevoir, notre temps disparait et notre espace est lui-même la réduction des relations avec des objets qui témoignent de la puissance du capital à nous convaincre. De cette façon, nous sommes éduqués à la répétition. Nous effectuons les mêmes gestes, comme chacun-e sait (mais oublie systématiquement), dans l'antichambre du consensus.Pour sa part, le capital est obligé de nous prendre l'espace, car il ne peut en laisser aucun disponible pour notre créativité, notre capacité à bricoler toute sorte de choses, notre désir d'innovation (qui est le premier stimulus pour trouver des solutions qui se révèlent être des dotations incroyables de la spontanéité et de la richesse). Si le capital devait laisser un espace à de telles forces individuelles, il ne serait pas en mesure d'atteindre le rythme de répétition qui est indispensable à sa production. Laquelle, nous ne devons pas oublier, ne repose que sur la condition de sa reproduction. Pensez aux efforts (aidés par la technique électronique) que le capital fournit pour réaliser les désirs de chacun-e avec le maximum (centralisée et codifiée) de diversification. Les grands noms de la mode, les chaînes de restauration rapide, la publicité qui met en valeur le goût individuel au sein de la production de masse, ne sont plus que des tentatives pour bloquer les divers chemins qui pourraient encore être parcourues aujourd'hui.Bien que l'espace qui est produit et reproduit est basé sur le consensus, il contient une quantité considérable d'aspects purement répressifs, dans le sens policier du terme. Réglementer les mouvements dans tous les sens. Les matières premières et les hommes, les idées et les machines, l'argent et les désirs. Tout est coordonné, car tout a été préventivement homogénéisé. Les différences ne sont pas plus que cela, elles ne sont pas les diversités radicales. Elles ont été réduites au rang des apparences et à ce titre sont louées au plus hauts des cieux comme le règne de la liberté. Ainsi, la stratégie du pouvoir est donc celle de la maîtrise de «tout» l'espace de la même manière qu'il contrôle «tout» le temps. Ce n'est pas seulement une question de contrôle policier, mais surtout de contrôle basé sur le consensus et l'acceptation de modèles de comportement et d'échelles de valeurs qui sont celles des technocrates capitalistes. Que faire ? Aller à la recherche du temps perdu ? Des espaces perdus ? Pas dans le sens d'un voyage nostalgique, de remonter dans le temps. Rien dans la vie ne va vers l'arrière, tout comme rien ne se présente à nouveau d'une manière identique (ou même de manière tout à fait différente).La vieille relation avec l'espace a laissé le signe d'un lieu physique. Le signe de l'humain et ses choses. Une route, une place, un carrefour, un pays, un fleuve, la mer et le ciel, les bois et les montagnes, étaient dans une relation ouverte avec les individus qui ont su (et voulaient) en être à l'écoute. Et les affinités entre les individus les ont conduit aux mêmes endroits, ont animé leurs sentiments, les ont poussé à l'action et la réflexion. On se retrouvait comme individus, alors que l'on se cache désormais dans le cadre d'un ensemble, d'une foule.Autrefois nous étions ouverts, mais aussi souvent mal préparés et plus vulnérables. Désormais, nous sommes tous protégés par l'uniformité, la répétitivité. Nous nous sentons plus en sécurité parce que nous appartenons à la masse. Tout est produit et reproduit. Tout semble prêt à devenir une marchandise.

Dans cette perspective, la lutte pour les espaces autonomes* devient une lutte pour la réappropriation de tous les «territoires» au-delà et contre les règles du contrôle et du consensus.



[Titre original: Spazio e capitale, publié dans le n.56 de "Anarchismo", 1987. Traduction en anglais par Jean Weir et publié dans "Let's destroy work, let's destroy economy" Elephant Editions, Londres. Traduit en français par Le Cri Du Dodo]

*Note de traduction : Le terme anglais employé est "social spaces". L'expression "espaces autonomes" a été préférée à "espaces sociaux", parce que le terme est trop vague par rapport à ce à quoi il fait référence, et aussi à "centres sociaux", parce qu'il ne recouvre qu'une partie de la réalité de ces espaces, parmi lesquels le squat, la zone d'autonomie, et autres espaces occupés.

lundi 12 mars 2012

[Paris] Manifestation contre toutes les expulsions et la restructuration urbaine

Manifestons contre les expulsions et la restructuration urbaine

samedi 17 mars 13 heures métro alexandre dumas


À tous ceux qui vivent à 5 dans un 20m², À tous ceux qui se sont déjà fait couper l’électricité, À tous ceux qui doivent choisir entre bouffer et payer leur loyer, À tous ceux qui ont déjà fait des faux dossiers pour avoir un appartement, À tous ceux qui se sont déjà ou vont se faire expulser, À tous ceux qui en ont marre de claquer leurs salaires pour un petit appart’ humide, À tous ceux qui ont de plus en plus de mal à payer leur loyer, À tous ceux qui trouvent que tout ça c’est pas normal, À tous ceux qui trouvent que le chacun pour soi c’est tout le monde dans la merde !

La fin de la trêve d’hiver arrive. Cette année, commme chaque année, la fin de l’hiver est le grand moment des expulsions. Presque plus de risque de mourir de froid dehors, alors la propriété reprend tous ses droits. C’est le grand ménage pour les propriétaires et l’État qui se débarassent enfin des locataires mauvais payeurs, des squatteurs, ceux dont on ne renouvelle pas le bail, tous ceux qui sont jugés peu rentables. Entre 2010 et 2011, le nombre d’expulsions est passé de 50 000 à 100 000. Cette année, il faut s’attendre à la même chose, alors que des milliers de logements sont vides. Cette question s’ajoute à un durcissement général des conditions de vie pour une grande partie des gens, entre baisse des allocations, précarisation, chômage. Le pire reste sans doute à venir, les loyers ne cessant d’augmenter alors que c’est déjà la galère.

Mais il faut bien que les affaires continuent et cette année est aussi celle du lancement du Grand Paris. Misère ou pas, crise ou pas, de grands projets de restructuration urbaine sont mis en oeuvre par l’Etat avec les régions et les municipalités, principalement dans les villes populaires de la petite couronne : Ivry, Saint-Denis, Montreuil, Bagnolet, Aubervilliers...

Restructuration ça veut dire quoi ?

Concrètement les habitants de ces quartiers vont être expulsés pour permettre la construction d’immeubles de bureaux, de zones commerciales, et de logements au loyer très élevé. Le but étant de remplacer les classes populaires par une population plus riche. Les pauvres doivent devenir invisibles pour laisser la place à des zones attractives où dominent les boutiques branchées, l’industrie culturelle et les entreprises ou écoles de pointe. Il n’y a qu’à voir le nettoyage encore récent des derniers quartiers populaires de Paris pour imaginer le résultat : même quand les mairies prétendent construire quelques HLM, la plupart ne seront accessibles qu’à partir de 2000 euros de revenu. Face à cette politique de riches pour les riches, de nombreuses personnes s’organisent. Certains refusent de quitter le logement qu’ils n’ont plus les moyens de payer, d’autres s’opposent à la destruction de leurs lieux d’habitation et des liens de voisinage et de solidarité qui allaient avec. On ne se laisse pas déplacer en grande banlieue sous prétexte qu’on est vieux ou pas très rentable.

Dans plusieurs quartiers, des collectifs d’habitants se montent pour résister aux politiques urbaines et aux décisionnaires qui les pilotent. À Bagnolet, le collectif de la Noue perturbe régulièrement le conseil municipal ; à St-Denis, le comité de soutien de familles expulsées de leur squat cet hiver et qui occupent le parvis de la mairie organise des manifestations toutes les semaines. Ailleurs, ceux qui n’en peuvent plus d’attendre un HLM ou de vivre dans des conditions pourries occupent des logements vides. Que se multiplient les formes concrètes de résistance : collectif de quartier indépendants de ceux qui gèrent la ville, occupations de logements vides, pression sur les conseils municipaux, les réunions de concertation et les bailleurs sociaux, qu’on soit 6, 50, 200, rassemblements et résistances concrètes contre les expulsions.

Un logement pour tous et toutes, été comme hiver !

______________________________________________________________

[Suite à une requête postée en commentaire, et parce qu'il concerne directement la lutte contre les expulsions et se déroule le même jour, nous relayons pour son intérêt cet appel de femmes en lutte du quartier des francs-moisins à Saint-Denis].


Nous, femmes du quartier Franc-Moisin /

Bel-Air et de Saint-Denis, nous déclarons :

Stop aux souffrances des femmes et à ce qu'elles subissent au quotidien : loyers trop chers et charges qui augmentent, revenus à la baisse, travail précaire et à temps partiel... Nous devons des fois choisir entre payer le loyer et manger ou se soigner. Quand nous nous tournons vers des structures d'aide alimentaire, souvent avec de la honte, nous entendons que nous gagnons trop et nous repartons avec la tête un peu plus basse. Notre dignité est blessée ; pourtant nous restons debout !

Tous les jours nous nous battons pour rester debout, pour construire l'avenir de nos enfants !
Mais certaines ont tellement subi qu'elles n'arrivent plus à faire face !

Le mois dernier 2 femmes de notre quartier se sont suicidées. Elles ont laissé des enfants derrière elles. Nous sommes enragées ! Nous ne voulons plus jamais ça !

Plus jamais d'expulsion !
Plus jamais d'isolement !
Plus jamais d'endettement !
Plus jamais à devoir faire des choix impossibles entre manger, se soigner, se loger !

Nous devons toutes et tous ensemble unir nos forces pour obtenir :

  • Des logements pour tous,
  • L'accès à un revenu décent,
  • L'accès aux soins,
  • L'accès à l'éducation et à la culture.

Nous vous appelons à une marche de la dignité samedi 17 mars à 13h30 qui partira de la Place Rouge, quartier du Franc-Moisin jusqu'à la sous-préfecture.

___________________________________________________________________

"Marche de la Dignité"

Appel des Femmes de Franc-Moisin / Bel Air et de Saint-Denis

Suite aux suicides de deux femmes du quartier Franc Moisin (l'une immolée dans le hall de la mairie car en attente de logement depuis 14 ans, et l'autre qui s'est jetée sous un train car en surendetttement) des femmes du quartier Franc Moisin ont lancé l'appel pour une "Marche de la Dignité".

Départ de Franc Moisin, direction Sous Préfecture de Saint-Denis.

document au format PDF:

Source : Demosphere

mardi 3 janvier 2012

[Squat] Caen : ouverture et menace d'expulsion !

Caen : Le Mât-Noir est ouvert !

18 Décembre 2011, Source : Le Réveil.ch

L’arrivée à Caen de la ligne à grande vitesse (le TGV) et le réaménagement de la Presqu’île vont être pour les promoteurs immobiliers l’occasion de spéculer et donc de s’enrichir encore plus sur le dos d’une bonne partie de la population. Les politiciens au pouvoir, en relation étroite avec les professionnels de l’aménagement et de l’immobilier, planifient consciemment ces changements qui auront des impacts directs sur nos vies : hausse des loyers et du coût de la vie dans les quartiers du port et de la gare notamment, sécurisation de l’espace public, aseptisation accrue du peu de vie locale qu’il reste… Demain ce sera pire, alors que c’est déjà laborieux de se loger et de vivre décemment aujourd’hui.

C’est pourquoi nous avons ouvert ce lieu, au 26 avenue de Creuilly. Ce lieu était vide depuis bien longtemps et n’attendait qu’à revivre. Nous l’avons donc occupé ! Cet endroit est le domicile de plusieurs personnes depuis plusieurs jours, et n’est donc pas expulsable sans procédure judiciaire.

Nous souhaitons aussi y mettre en place des activités publiques, ouvertes à tous et toutes, gratuites ou à prix libre (tu donnes ce que tu peux, ce que tu veux) : ateliers divers, projections, débats, réunions de divers collectifs, diffusion de brochures et journaux subversifs, bouffes… C’est donc un lieu où nous essaierons de nous réapproprier nos vies, de nous transmettre des savoirs les un-es les autres, de créer, de modifier nos modes de vie et d’expérimenter d’autres rapports sociaux plus libres et plus égalitaires, sans hiérarchie et non marchands. Le collectif d’occupants et d’occupantes est indépendant de tout parti ou syndicat. Si nous avons ouvert cet espace, c’est aussi pour créer des moments de coordination et de rencontres pour nous organiser de façon autonome et prendre part aux luttes sociales.

N’hésitez pas à venir nous voir, à proposer des activités, filer un coup de main, bouquiner ou boire un café !

Faites circuler l’info et à bientôt ! Le Mât-Noir, 26 avenue de Creuilly, 14 000 Caen (près du jardin des plantes) la_mauvaise_herbe @ no-log.org

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

[Caen] Le Mât-Noir menacé d'expulsion !!!

23 Décembre 2011, Source : Le Jura Libertaire

Le squat politique autogéré le Mât-Noir occupé depuis le 12 décembre fut ouvert au public le 17 décembre suite à un rassemblement contre la spéculation urbaine. Ce lieu était inoccupé depuis plusieurs années. L’ouverture de ce squat semble effectivement gêner plusieurs acteurs de l’immobilier et de l’urbanisme, car les menaces d’expulsion arrivent déjà !

Brève explication de la situation : les propriétaires (les sœurs de Notre-Dame de la Fidélitéou l’association Arbalète qui pourrait servir de paravent) voulaient vendre à l’institution Saint-Joseph, qui elle, avait le projet de détruire ce bâtiment afin de construire soit une école maternelle avec gymnase (projet apparemment abandonné depuis) soit 44 logements (projet qui ne fait pas non plus l’unanimité dans le quartier). Il semble que même la mairiese soit opposée à la vente du bâtiment pour préserver le patrimoine. La préfecture semble avoir proposé un pack « expulsion expéditive » (une ordonnance sur requête) aux bonnes sœurs qui ne savaient peut-être même pas qu’il y avait des habitants dans ce lieu. Nous en sommes là, et nous continuerons de communiquer des informations (avec plus de détails espérons).

Les intimidations commencent donc et un homme se prétendant huissier de justice (il n’a pas présenté sa carte) est venu nous menacer de l’expulsion. L’argument de la salubrité est utilisé contre nous, pourtant tous les gens qui sont venus visiter les lieux pourront vous confirmer que ce n’est pas le cas, nous travaillons même activement à l’amélioration des conditions de vie. Nous comptons préserver cette belle bâtisse et en faire un lieu de vie et d’organisation collective.

Il est clair que nous ne nous laisserons pas faire. Si nous avons mis les pieds dans le plat d’une sombre histoire de magouille immobilière et spéculative, nous ne nous priverons pas pour éclabousser ceux qui expulsent. Nous ferons payer le prix fort à ces voyous en col blanc qui comptent s’enrichir sur le dos des gens par la construction de logements. D’autre part, où est la charité chrétienne des bonnes sœurs de Notre-Dame de la fidélité qui ne se soucient pas d’expulser en plein hiver et pendant les fêtes ? N’oublions pas qu’elles sont aussi propriétaires… L’institution Saint-Joseph, constituée des « élites » et notables caennais a la mainmise (une grande part au moins) sur le quartier et n’hésite pas à le transformer selon ses aspirations à faire du fric. Nous n’acceptons pas que des grands financiers et promoteurs agencent nos espaces de vie à leur guise. Nous saboterons ce rouleau compresseur. Quant à la préfecture, certainement bien amie avec l’institution Saint-Joseph (entre élites on se fait des bonnes bouffes !) elle se soucie de la critique de la société que nous apportons, et compte bien nous faire taire. Ce n’est plus une nouveauté, la répression s’abat sur ceux et celles qui parlent ou luttent un peu trop. Nous le savons parfaitement et nous résisterons !

Squat le Mât-Noir, 26 avenue de Creully à Caen
Arrêt de tram Place de la Mare

Portes ouvertes tous les mercredi de 14h à 18h

jeudi 28 juillet 2011

[Squat] Montreuil, la M.Q.P : un proprio, et quelques mercenaires...

"Ce que nous refusons, c'est votre enfer", sur la maison qui pue.

Source : Indymedia Paris.

« Ce que nous refusons, c’est votre enfer »

Du jour au lendemain, sentir que notre petit monde s’écroule, et avec lui toutes nos habitudes. Et avec lui, encore, toute une vie passée qui se transforme en souvenir, où l’on se surprend à vouloir retrouver des photos dont l’on se fichait pas mal auparavant. Et avec lui, enfin, la peur d’être dispersés, la peur d’une nouvelle galère, la peur de devoir tout reprendre à zéro. Notre maison s’est faite attaquer, à plusieurs reprises. Devant la menace, nous avons dû évacuer nos affaires. Et nous nous sommes sentis trop en danger pour y retourner. À présent, des amis, des voisins, des connaissances nouvelles ou anciennes se préoccupent de la maison, la sécurisent. Les attaques peuvent recommencer : le soi-disant simple propriétaire veut à tout prix récupérer son bien.

Les débuts de la propriété, ce fut cela : un type avec un papier dans la main, accompagné d’hommes de main, qui débarque sur un champ ou dans une maison et déclare : ceci est à moi. Aux débuts de la propriété, il a fallu que des salauds se présentent, les armes à la main. En allant contre l’évidence, ils dirent : non, la terre n’est pas à ceux qui la travaillent, pas plus qu’une maison n’est à ceux qui l’habitent.

Nous ne sommes pas naïfs. Nous savions qu’un jour ou l’autre un type allait se présenter et exiger de nous, grâce à la puissance d’un simple bout de papier, que nous nous en allions. Ce lieu, nous l’avions trouvé abandonné, la porte ouverte, il y a presque quatre ans, et nous savions qu’un jour quelqu’un allait se saisir du bout de papier qui va avec. Et reprendre la maison.

Des dizaines de personnes sont passées par cette maison, pour des périodes plus ou moins longues, et un groupe stable d’habitants s’est dégagé avec le temps. Les loyers sont tellement élevés, l’accès à un logement décent est si difficile, que nous sommes des dizaines, voire des centaines de milliers à nous entasser, à passer de canapés en canapés. La concurrence pour le travail, ainsi que ses conditions actuelles, font que celles et ceux qui, pour de multiples raisons, ne trouvent pas la force de rentrer comme des dingues dans ce jeu sont de plus en plus nombreux. Cette maison s’est offerte pour une partie de ces gens-là, c’est-à-dire nous-mêmes. Un toit gratuit, ainsi que la possibilité de vivre à plusieurs, nous a permis de faire face à cette réalité ensemble, de ne pas nous laisser broyer individuellement. Nous nous disions : l’amitié, la solidarité, l’hospitalité sont des valeurs sur lesquelles nous pouvons compter face à la machine économique. Face aux rêves brisés, face aux vies niquées, face aux dépressions qui minent les relations à l’intérieur de cette société.

On nous dira : votre vision est trop noire, il y a des chances pour tous. Mais ce que nous avons vécu ne fait que confirmer cette appréhension du monde. Si le type qui a attaqué a agi pour lui-même, pour avoir son propre pavillon, on ne peut que s’interroger sur la morale de l’intérêt personnel qui ronge cette société, morale qui veut que l’intérêt prime sur toute considération des personnes — car il n’a jamais réellement voulu discuter avec nous. Et si le type qui a attaqué l’a fait pour son biz, pour revendre par la suite comme le veut son métier d‘agent immobilier, on ne peut que questionner ce qu’est, plus généralement, la réalité du travail aujourd’hui : ne serait-ce pas, bien souvent, écraser les autres pour se faire sa place ? On ne peut croire, en tout cas, que cette situation est isolée. En haut, les puissants affirment chaque jour la validité de cette morale. Au commissariat, un flic de base a expliqué au « propriétaire » qu’il aurait dû faire cela cagoulé. Tous les flics présents le justifiaient, se mettaient à sa place. Eux aussi auraient été prêts à acheter un lieu occupé, et à virer les habitants à coups de barre. Comme le disait un autre flic : “quand on a un crédit sur le dos, on fait avec ce qu’on peut”. L’endettement individuel — qui fait échos à l’effondrement des garanties collectives — semble pouvoir justifier la guerre de tous contre tous.

La crise économique que nous vivons a pour conséquence d’accentuer les clivages, et pas seulement entre les classes. Entre ceux d’en bas, les petits, il y a aussi de graves divergences. D’un côté, il y a ceux qui acceptent les lois de l’économie comme des lois naturelles et font leurs la morale du “chacun pour soi et peu importent les conséquences” qui va avec. De l’autre, il y a ceux qui disent : nous ne nous en sortirons qu’ensemble, il n’y a qu’ensemble que nous parviendrons à refuser la loi de l’argent, du travail qui tue, le règne du vice et de la petite méchanceté. Comme le disait une personne solidaire aux assaillants : “ce que nous refusons, c’est votre enfer, et vous ne parviendrez pas à nous faire cesser de croire dans la beauté et la puissance de la solidarité”.

Comme le montre le soutien qui nous est apporté aujourd’hui — face aux attaques, face aux menaces qui pèsent sur nous — nous savons que nous sommes loin d’être les seuls à porter ces valeurs. Des habitants de nombreux autres squats sont venus à notre secours, ainsi que des voisins. Des sans-papiers, des précaires, des chômeurs, des salariés un peu plus installés se sont montrés à nos côtés. Des gens ordinaires, comme nous, qui refusent la loi du plus fort. L’urgence, plus que jamais, est de construire les liens pour faire face à la barbarie de l‘économie.

- Les flics protégeant les mercenaires -

Des habitants de la MQP/Kipue/Maison Qui Pue, 74 rue des caillots


Vigiles à Montreuil : le point sur le 74, rue des Caillots


jeudi 28 juillet 2011

Le 74, rue des Caillots à Montreuil est une maison squattée depuis quatre ans. Durant cette période, elle a été vendue et rachetée à plusieurs reprises par des spéculateurs. Le dernier en date, un agent immobilier appelé Hafid Hafed [à droite sur la photo] et affilié au réseau IAD, prétend en être devenu propriétaire le vendredi 22 juillet.

Le samedi 23, il fait irruption par surprise dans la maison avec une équipe de gros bras et commence à démolir le compteur électrique et d’autres installations. Le lendemain, dimanche 24 juillet, après une nouvelle pression physique directe sur les habitants sous prétexte de « négociations », il lance une attaque frontale sur la maison avec une vingtaine de mercenaires armés de masses, de barres de fer et de gaz lacrymogène. Trois personnes ont été blessées au cours de cette attaque.

Ces faits appellent, de notre part, les observations suivantes :

1) Le dimanche 24 juillet, nous n’avons pas laissé faire les vigiles et les avons empêché de pénétrer à l’intérieur de la maison. Nous nous opposerons de nouveau dans l’avenir à ce type d’attaque, que ce soit au 74, rue des Caillots ou dans d’autres maisons. Il y a un enjeu à agir directement contre ce genre de pratiques, qui ne concernent certainement pas que les squatteurs. L’histoire récente est remplie d’exemples où les hommes de main des promoteurs et des marchands de biens s’en prennent à tous ceux qui ne peuvent payer leur loyer ou rembourser leur crédit, ou encore à ceux qui ont le malheur de gêner des projets immobiliers en refusant de quitter leur logement volontairement.

2) Le dimanche 24, la police, appelée par le voisinage, s’est employée à protéger les vigiles qui ont pu continuer à pénétrer dans le jardin tandis que les personnes soutenant les squatteurs étaient repoussées par la BAC. La collusion avec la police de Montreuil est avérée, et bien visible sur les images filmées par des voisins et diffusées sur Internet par leurs soins. Jamais un petit agent immobilier comme Hafid Hafed n’aurait osé lancer une attaque armée en plein jour, un dimanche après-midi, s’il n’avait pensé pouvoir compter sur la bienveillance du commissariat local. Ce n’est pas parce que la police est arrivée que les vigiles ne se sont pas emparés de la maison, mais parce que nous étions déterminés à rester.

3) Parmi les personnes venues soutenir les squatteurs de la rue des Caillots se trouvaient des habitants d’une maison occupée, située rue des Sorins et actuellement menacée d’expulsion. A la suite de cette démonstration de solidarité active, les flics ont multiplié le harcèlement sur les habitants de cette maison, pénétrant dans la cour de l’immeuble et arrêtant cinq personnes sans papiers. Trois sont actuellement en centre de rétention. Rue des Caillots comme rue des Sorins, la pression sur les squatteurs, qu’elle soit légale par les flics ou extra-légale par les vigiles armés, poursuit le même objectif : faire fuir les indésirables pour maximiser les profits.

4) Ces actions concomitantes des vigiles et des flics contre les squats ont eut lieu dans une ville, Montreuil, qui est le siège d’enjeux urbanistiques majeurs (prolongements des lignes de transports, écoquartiers, etc.) L’opposition à ces projets, qui se développe rapidement (comme par exemple aux Roches) commence à gêner beaucoup d’intérêts. L’enjeu dépasse donc de beaucoup la seule question de l’occupation des maisons vides : il s’agit de se débarrasser de tout ce qui peut gêner ou entraver l’action des promoteurs et des spéculateurs.

5) Maintenant que l’opération a échoué, les différentes autorités cherchent à se dédouaner : la société IAD a « suspendu » son agent immobilier, la préfecture a ouvert une « enquête administrative » sur l’action de la police ce jour-là, et la maire de Montreuil a pris des « mesures conservatoires » à l’encontre d’Hafid Hafed. Ne nous y trompons pas : dans ce genre d’histoire, les puissants gagnent toujours. Soit le coup de force réussit, et on est débarrassé à bon compte des indésirables. Soit il échoue, et la faute en retombe sur les exécutants. Ceux qui ont cru qu’en écrasant plus faibles qu’eux ils pourraient jouer dans la cour des grands, comme cet Hafid Hafed, sont alors lâchés comme des merdes par leurs anciens protecteurs. Dans les méandres tortueuses de la vie politique locale, nous ignorons qui, exactement, soutenait Hafid Hafed : et d’ailleurs nous nous en foutons. Le résultat est de toute façon le même.

6) C’est un système tout entier qui s’en prend aux pauvres en général : c’est un système tout entier que nous entendons combattre.

Le collectif de défense du 74, rue des Caillots.

Photos : de gauche à droite, Medhi Ibanez et Hafid Hafed d'I.@.D France.

Source : Indymedia Paris.


Une vidéo de l'attaque du squat reprise
par Leurs médias (BFM tv) ... :




Vidéo-montage "Les rois du pétrole"
censurée par Dailymotion et Youtube :


"Les rois du pétroles"
(Nouveau lien actif)

Vidéo à propos de la tentative d'expulsion du 74 rue des Caillots à Montreuil

Montage vidéo de l'attaque du squat la Maison Qui Pue, au 74 rue des Caillots à Montreuil, par les soit disant nouveaux propriétaires et une quinzaine d'hommes.

La vidéo « Les rois du pétrole » (à propos de l’attaque de la Maison Qui Pue à Montreuil par les soit disant propriétaires accompagnés d’une quinzaine d’hommes prêts à en découdre pour mettre les habitants dehors) avait été postée hier sur daily motion et youtube. Elle n’aura tenue que 20 minutes avant que la censure tombe et que la vidéo ne soit retirée, probablement sous la pression des propriétaires ou de la société I@D.
Aujourd’hui nous postons à nouveau ce montage, en passant par Rutube
…Tous les chemins mènent à Rome…

Pour Visionner la vidéo, c’est ici :
http://video.rutube.ru/fbe59a4358c75560536fde799ac8fbcb




mardi 12 juillet 2011

[Allemagne] Kommando Rhino Bleibt !

La Solidarite est une Arme !
[le Kommando Rhino est un immense ensemble d'espaces autogérés qui se situe à Fribourg en Allemagne. Il est menacé d'expulsion et appelle à la solidarité internationale pendant tout l'été]

Planning d’actions du Kommando Rhino (Freiburg) pour juillet 2011

Les derniers communiqués de nos camarades allemands de Freiburg pour le Kommando Rhino viennent de tourner sur le net.

Rappelons que le Kommando Rhino est une zone libre et autogérée, d’habitation, culturelle, de concert, d’activités et surtout de lutte anticapitaliste et anti-autoritaire. La mairie avait lancé un premier ultimatum d’expulsion policière pour fin juillet, il semble que les menaces portent désormais dès mi-juillet. De plus, contrairement aux « promesses » de la municipalité et sans surprise, aucun terrain de substitution sera proposé, d’où une liquidation pure et simple du projet Rhino. Face à la répression d’Etat, riposte radicale !

Le Kommando Rhino planifie des actions sauvages, radicales et variées sur toute la durée du mois de juillet à Freiburg, dont voici une énumération plus claire que la traduction google basique (cf ci-dessous)

- 1er juillet : ouverture d’un campement d’action (ramenez les tentes !) au Jardin de Gravier (attention, places limitées) et créer une coordination des groupes d’autodéfense.

- chaque mercredi à 19h, stands d’information et d’activités pour la population.

- 15 juillet : action Reclaim The Street avec le groupe KUKA. Grand cortège-concert sauvage toute la nuit avec blocages et occupation des rues, avec des camions de son.
- 23 juillet : grosse et méga manif sauvage anti-expulsion et pour les FreieRaüme et FreieZone (maisons et terrains libres autogérées, contre la loi du profit, de la domination et de l’exploitation). Les camarades de Freiburg notent qu’ils ont choisi à dessein de bien préciser que c’est une GroBe Demo et non une Parade, cad que c’est une manif d’action et non une parade festive, aussi s’attendre à répression policière et confrontation.

- 28 au 30 juillet : festival et concerts en soutien au Kommando Rhino sous le slogan Rhino Bleibt (Rhino reste !) avec activités pour les enfants et activités culturelles; avec actions et préparation d’autodéfense en cas d’attaques des flics.

Tout le long du mois de juillet, les camarades de Rhino se préparent à une attaque policière d’envergure. En cas d’attaque surprise, un numéro est créé pour que tous les groupes puissent être au courant et défendre le lieu, numéro qui fonctionne par chaîne automatique de SMS et une sécurisation non nominative : 0176/39032200

Source : linksunten.indymedia.org

Plus d'infos (en allemand) : http://supersquat.org/