vendredi 30 juillet 2010

"Le rapport des jeunes avec l'autorité"


"Les violences anti-policières, en dehors de leur aspect " ludico-provocateur ", restent, pour l’essentiel, l’apanage d’une petite minorité de jeunes déjà ancrés dans la délinquance.

Elles s’appuient cependant, plus largement, sur une contre-culture territoriale qui, par certains côtés, favorise le repli, les rumeurs, la solidarité réflexe, les ressentiments et les stéréotypes anti-institutionnels.

Cette microculture de quartier complique un dialogue rationnel avec les jeunes, qui s’avère pourtant de plus en plus nécessaire ."

Janvier 2007


Lucienne BUI TRONG
, Commissaire principal à la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG).


[Dans ce monde merveilleux où "Travail" rime avec "misère et prison", et "Paix sociale" avec "bavure et coups de flashball en pleine tête" : Pourquoi la communication est-elle impossible ? Les sociologues s'interrogent toujours pour comprendre cette "hostilité à l'égard de la police"]

Une début d'explication...

Qu’est-ce qui se joue à Villiers-le-Bel ?


La « bataille de Villiers-le-Bel » s’inscrit dans la campagne intérieure engagée en 2005. Comme dans toutes les opérations intérieures, le pouvoir y expérimente des techniques, des matériels, des projections de force. Ce laboratoire se déploie sur deux plans. Sur le plan judiciaire, on a parlé de « procès », mais ce langage relève de l’action psychologique, ce ne sont pas des procès qui ont été menés dans le cadre de cette bataille mais une phase de « stabilisation » comme pour une opération extérieure. La communication médiatico-judiciaire a été axée sur la construction d’une figure du barbare à soumettre pour sauver la civilisation. Sur le plan du maintien de l’ordre - de la coercition physique - Villiers a notamment permis d’expérimenter les UTeQ, les Unités territoriales de quartier et la « sécurisation inter-armes » (mélanges d’unités : BAC, CRS, gendarmerie mobile, Raid, GIGN…).

Le « procès » d’abord… Tous les syndicats de flics se sont mobilisés sur le sujet, ils demandaient vengeance, des peines absolues pour les inculpés de violence envers des policiers et, pour la fraction la plus radicalisée de la police, le droit de « se défendre », c’est-à-dire de tirer à balles réelles. Le contrôle des quartiers constitue le lieu d’une transformation de la police. Comme ce qui s’était passé pendant la guerre d’Algérie, lorsque dotés des pouvoirs spéciaux, les militaires employant la contre-insurrection ont commencé à militariser la société. La campagne pour la pacification des quartiers populaires, c’est la montée en puissance de la Police comme gouvernement."

Mathieux Rigouste, in "Villiers-le-bel, une vitrine des méthodes françaises de maintiens de l'ordre".

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