[Après quelques semaines d'absence, Le Cri Du Dodo revient cet hiver avec de mauvaises intentions. Pour commencer, la traduction française d'un texte italien à propos de la vague émeutière et des autres évènements en Italie suite à la reconduction du gouvernement Silvio Berlusconi, le 14 Décembre dernier, de la hausse des frais d'études et de la précarité du travail, entre autres choses : rédigé par le Collectif Universitaire Autonome de Turin -C.U.A.T-, en réponse aux allégations journalistiques et policières sur la présence de "Black Blocs".]
"Cette question réapparaissant dans la plupart des journaux après chaque émeute, comme celle à Rome le 14 décembre, elle mérite une réponse. Voulez-vous voir à quoi ressemblent nos visages quand ils ne sont pas masqués par des foulards, des casques ou des cagoules ?
Ce sont les mêmes visages qui paient un loyer pour vos appartements pourris, les visages de ceux à qui vous offrez des stages non rémunérés ou des jobs à plein temps pour 1000 euros. Ce sont les visages qui paient des milliers d’euros pour assister à vos cours. Ce sont les visages des gamins que vous frappez quand vous les chopez avec un peu d’herbe dans leurs poches. Ce sont les visages de celles et ceux qui doivent s’enfuir du bus quand les contrôleurs apparaissent, ne pouvant pas se payer le voyage.
Ce sont les gens qui cuisinent vos faux-filets à point dans les restaurants chics, et reçoivent pour ça 60 euros la soirée, au black. Ce sont celles et ceux qui vous préparent vos cafés serrés à Starbucks. Ce sont ceux qui répondent à vos appels en disant « 118 118, puis-je vous aider ? », ceux qui achètent de la nourriture à Lidl parce que celle des autres supermarchés est trop chère. Ceux qui animent vos camps de vacances pour 600 euros par mois, ceux qui rangent les étalages des magasins où vous achetez vos légumes bios. Ce sont ceux à qui la précarité bouffe toute l’énergie vitale, ceux qui ont une vie de merde, mais ont décidé qu’ils en avaient assez d’accepter tout ça.
Nous faisons partie d’une génération, qui, pour un jour, a arrêté de s’empoisonner le sang avec la névrose d’une vie passée dans la précarité, et qui a soutenu les émeutes. Nous sommes le futur que vous devez écouter, et la seule partie saine d’une société couverte de métastases. Ce qu’il est en train de se passer à Londres, Athènes et Rome est d’une importance historique. Des places remplies à craquer de gens explosent de joie quand les cars de police prennent feu. Notre existence même est dans ces cris : l’existence de celles et ceux qui ne peuvent pas croire que des gouvernements élus se retourneraient contre leurs citoyens et leur feraient payer des dizaines d’années d’erreurs commises par le secteur financier et les multinationales ; l’existence de ceux qui maintenant commencent à penser que tous ensemble nous pouvons commencer à leur faire peur. Ces exclamations étaient furieuses et joyeuses, explosant depuis la partie saine de la société, pendant que celle empoisonnée se cachait dans la Chambre des Députés.
Les Black Bloc ont encore frappé. Vous feriez mieux de regarder autour de vous maintenant. Des rumeurs disent que vous pourriez en rencontrer certains pendant vos cours, à la bibliothèque, à la machine à café, au pub, sur la plage, voire même dans le bus."
Collettivo Universitario Autonomo de Torino
-Traduit de l’anglais depuis : http://th-rough.eu/writers/campagna-eng/who-black-bloc-where-black-bloc
-Texte original sur : http://cuatorino.blogspot.com/2010/12/chi-sono-i-black-block-dove-sono-i.html
Banal,déjà vu en 70-80.Ne débouche sur rien.
RépondreSupprimerQuoi que tu puisses en penser, la tactique du Black Bloc telle qu'elle a prédominé parmi les anarchistes, autonomes, antifascistes et anti-autoritaires qui l'ont pratiqué jusqu'à aujourd'hui a permis à plusieurs générations de révolutionnaires de s'organiser de manière horizontale et sans hiérarchie pour mener des actions directes, des occupations, affronter la police ou prévenir la répression (et les arrestations) sans tomber dans le piège de la militarisation ou de la professionalisation de la contestation. En fait, sans les black blocs, c'est à se demander si les "pacifistes" ou les socio-démocrates auraient encore une existence dans les mouvements sociaux ou de révolte, puisqu'ils ne loupent jamais une occasion de saisir un micro pour cracher dessus lorsqu'ils apparaissent et vendre leur soupe idéologique. Les black bloc ne sont pas "la fin de toute chose", c'est une tactique, une pratique, une méthode parmi d'autre pour agir et lutter contre le pouvoir. C'est une manière collective (parmi d'autres encore une fois) de matérialiser l'antagonisme, de donner corps à la critique de cette société, del a faire vivre. Pour que "être contre la capitalisme" ça ne reste pas que des mots, des slogans, des meetings, des sit-ins, des rassemblements traine-savates, des manifs "promenade" plan-plan. Bref : qu'entre la violence oppressive et la violence répressive il existe aussi la violence révolutionnaire. Parce que je sais pas si tu le remarque : mais c'est pas avec des fleurs, des bulletins de vote et des beaux discours qu'on change le monde. Mais si tu as d'autres arguments, le débat est toujours ouvert. Une dernière chose, avant de donner des leçons, révises tes cours d'histoire militante : les premiers black blocs sont apparus en Allemagne à Berlin dans les années 80 (pas avant) au sein du mouvement des squats, en défense des espaces occupés.
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