mercredi 6 octobre 2010

No Border Bruxelles - Lettre à Sodexo.

Lettre à Sodexo : On en a marre de vos salades


[Ce vendredi 1er octobre, peu avant 9 heures du matin, une poignée d’activistes s’en est pris au siège social de Sodexo Bruxelles en déversant dans le hall 40 litres d’huile de friture rance pour s’opposer à la collaboration active de cette entreprise pourrie avec la machine à expulser et le système d’exploitation capitaliste (restauration, entretien, «insertion professionnelle» des détenus…).]

Surpris et quelque peu ébahis, la sécurite et les «gardiens de la paix» qui se trouvaient là par hasard, n’ont pas su empêcher ce cirage cagoulé. Voici la lettre qui leur a été adressée par la livreuse qui les accompagnait :

Voilà, cette fois c’est moi qui crache dans ta soupe.

Mais oui, tu me connais, tu m’as déjà vu !

Tu viens dans mon école, à la cantine, tous les midis, me forcer à manger tes purées infâmes, et ton choux-fleurs trop cuit.

Tu viens aussi à l’université, me faire croire que j’ai le choix entre des légumes insipides et du poulet transgénique.

Je te retrouve encore, sur la plateforme pétrolière, ou dans la caserne militaire. Tu trônes là, à la cafet’ derrière tes vitres réfrigérées et tes emballages lyophilisés.

Je t’ai même vu en Afghanistan, au moment de la guerre, tu y faisais recette avec tes haricots gluants et tes frites ramollies.

Je te vois à travers les barreaux de la prison pour étrangers dans laquelle on m’a enfermé. Tu arrives avec ton bouillon stagnant aux effluves de dollars que tu accumules sur l’autel de ma liberté.

Ton beurre, tu le fais encore dans toutes sortes de geôles pour indésirables de la planète.

Et parce que tu as les dents longues, y déverser ta merde ne s’arrête pas au plateau-repas toxique que tu me sers. Tu t’engraisses aussi en m’exploitant sous couvert de ton alibi amer :
«la réinsertion par le travail». En me pro/imposant des contrats précaires comme seule alternative au cachot, tu m’ingères malgré moi dans ta matrice immonde productrice de capital. Il paraît que l’on est ce que l’on mange, et bien moi, le petit enfant, l’indésirable, le migrant, le syndiqué, l’anarchiste, je ne t’ai pas digéré !


Alors, aujourd’hui Sodexo, c’est à mon tour de déverser mon huile rance sur ton parquet ciré. Parce que ta raison d’être est conditionnée par mon enfermement, Parce que tu te remplis la panse sur l’exploitation de la misère, l’existence des frontières, et le fantasme d’une société totalitaire, Parce que tu collabores impunément avec la machine à expulser,
Parce que je ne te laisserai pas faire, Prends cette huile, Sodexo, et va te faire cuire un œuf !

source : Indymedia Bruxelles, 1er octobre 2010.

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