samedi 30 juin 2012

Il y a 40 ans : le F.H.A.R


 


 Il y a 40 ans déjà : 

Le Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire ! 


Adresse à ceux qui se croient “normaux“




Vous ne vous sentez pas oppresseurs. Vous baisez
comme tout le monde, ça n’est pas votre faute s’il y a des
malades ou des criminels. Vous n’y pouvez rien, dites-vous,
si vous êtes tolérants. Votre société -car si vous
baisez comme tout le monde, c’est bien la vôtre- nous a
traité comme un fléau social pour l’Etat, l’objet de mépris
pour les hommes véritables, sujet d’effroi pour les mères
de famille. Les mêmes mots qui servent à nous désigner
sont vos pires insultes.

Avez-vous jamais pensé à ce que nous ressentons, quand
vous mettez à la suite ces mots « salaud, ordure, tapette,
pédé » ? Quand vous dites à une fille : « sale gouine » ?
Vous protégez vos filles et vos fils de notre présence
comme si nous étions des pestiférés.

Vous êtes individuellement responsable de l’ignoble
mutilation que vous nous avez fait subir en nous
reprochant notre désir.

Vous qui voulez la révolution, vous avez voulu nous
imposer votre répression. Vous combattiez pour les noirs
et vous traitiez les flics d’enculés, comme s’il n’existait
pas de pire injure.

Vous, adorateurs du prolétariat, avez encouragé de toutes
vos forces le maintien de l’image virile de l’ouvrier, vous
avez dit que la révolution serait le fait d’un prolétariat
mâle et bourru, à grosse voix, baraqué et roulant des
épaules.

Savez-vous ce que c’est, pour un jeune ouvrier, que d’être
homosexuel en cachette? Savez-vous, vous qui croyez à
la vertu formatrice de l’usine, ce que subit celui que ses
copains d’atelier traitent de pédale ?

Nous le savons, nous, parce que nous nous connaissons
entre nous, parce que nous seuls, nous pouvons le savoir.
Nous sommes avec les femmes le tapis moral sur lequel
vous essuyez votre conscience.

Nous disons ici que nous en avons assez, que vous
ne nous casserez plus la gueule, parce que nous nous
défendrons, que nous pourchasserons votre racisme
contre nous jusque dans le langage.
Nous disons plus: nous ne nous contenterons pas de nous
défendre nous allons attaquer.

Nous ne sommes pas contre les « normaux », mais contre
la société « normale ». Vous demandez : « Que pouvonsnous
faire pour vous? » Vous ne pouvez rien faire pour
nous tant que vous resterez chacun le représentant de la
société normale, tant que vous vous refuserez à voir tous
les désirs secrets que vous avez refoulés.
Vous ne pouvez rien pour nous tant que vous ne faites
rien pour vous-mêmes.

Avril 1971

« 1er étudiant : Et si je veux être amoureux de toi ?
5ème étudiant : A ta guise. Je te le permets et je te porte
sur mes épaules au milieu des rochers.
1er étudiant : Et nous détruirons tout.
5ème étudiant : Les foyers et les familles. »

Federico Garcia Lorca.

1 commentaire:

  1. CE LIVRE VIENT D'ÊTRE RÉÉDITÉ AUX ÉD. QUESTIONDEGENRE/GKC
    http://gaykitschcamp.blogspot.fr/

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