mardi 21 décembre 2010

"Qui sont les black blocs ? Où sont les black blocs ?" par Cuatorino



[Après quelques semaines d'absence, Le Cri Du Dodo revient cet hiver avec de mauvaises intentions. Pour commencer, la traduction française d'un texte italien à propos de la vague émeutière et des autres évènements en Italie suite à la reconduction du gouvernement Silvio Berlusconi, le 14 Décembre dernier, de la hausse des frais d'études et de la précarité du travail, entre autres choses : rédigé par le Collectif Universitaire Autonome de Turin -C.U.A.T-, en réponse aux allégations journalistiques et policières sur la présence de "Black Blocs".]
[Sur la banderole : "Aucune confiance : La Révolte. Blocage, Sabotage, Occupation"]

"Cette ques­tion réap­pa­rais­sant dans la plu­part des jour­naux après chaque émeute, comme celle à Rome le 14 décem­bre, elle mérite une réponse. Voulez-vous voir à quoi res­sem­blent nos visa­ges quand ils ne sont pas mas­qués par des fou­lards, des cas­ques ou des cagou­les ?

Ce sont les mêmes visa­ges qui paient un loyer pour vos appar­te­ments pour­ris, les visa­ges de ceux à qui vous offrez des stages non rému­né­rés ou des jobs à plein temps pour 1000 euros. Ce sont les visa­ges qui paient des mil­liers d’euros pour assis­ter à vos cours. Ce sont les visa­ges des gamins que vous frap­pez quand vous les chopez avec un peu d’herbe dans leurs poches. Ce sont les visa­ges de celles et ceux qui doi­vent s’enfuir du bus quand les contrô­leurs appa­rais­sent, ne pou­vant pas se payer le voyage.



Ce sont les gens qui cui­si­nent vos faux-filets à point dans les res­tau­rants chics, et reçoi­vent pour ça 60 euros la soirée, au black. Ce sont celles et ceux qui vous pré­pa­rent vos cafés serrés à Starbucks. Ce sont ceux qui répon­dent à vos appels en disant « 118 118, puis-je vous aider ? », ceux qui achè­tent de la nour­ri­ture à Lidl parce que celle des autres super­mar­chés est trop chère. Ceux qui ani­ment vos camps de vacan­ces pour 600 euros par mois, ceux qui ran­gent les étalages des maga­sins où vous ache­tez vos légu­mes bios. Ce sont ceux à qui la pré­ca­rité bouffe toute l’énergie vitale, ceux qui ont une vie de merde, mais ont décidé qu’ils en avaient assez d’accep­ter tout ça.


Nous fai­sons partie d’une géné­ra­tion, qui, pour un jour, a arrêté de s’empoi­son­ner le sang avec la névrose d’une vie passée dans la pré­ca­rité, et qui a sou­tenu les émeutes. Nous sommes le futur que vous devez écouter, et la seule partie saine d’une société cou­verte de métas­ta­ses. Ce qu’il est en train de se passer à Londres, Athènes et Rome est d’une impor­tance his­to­ri­que. Des places rem­plies à cra­quer de gens explo­sent de joie quand les cars de police pren­nent feu. Notre exis­tence même est dans ces cris : l’exis­tence de celles et ceux qui ne peu­vent pas croire que des gou­ver­ne­ments élus se retour­ne­raient contre leurs citoyens et leur feraient payer des dizai­nes d’années d’erreurs com­mi­ses par le sec­teur finan­cier et les mul­ti­na­tio­na­les ; l’exis­tence de ceux qui main­te­nant com­men­cent à penser que tous ensem­ble nous pou­vons com­men­cer à leur faire peur. Ces excla­ma­tions étaient furieu­ses et joyeu­ses, explo­sant depuis la partie saine de la société, pen­dant que celle empoi­son­née se cachait dans la Chambre des Députés.

Les Black Bloc ont encore frappé. Vous feriez mieux de regar­der autour de vous main­te­nant. Des rumeurs disent que vous pour­riez en ren­contrer cer­tains pen­dant vos cours, à la biblio­thè­que, à la machine à café, au pub, sur la plage, voire même dans le bus."

Collettivo Universitario Autonomo de Torino

-Traduit de l’anglais depuis : http://th-rough.eu/writers/campagna-eng/who-black-bloc-where-black-bloc
-Texte ori­gi­nal sur : http://cuatorino.blogspot.com/2010/12/chi-sono-i-black-block-dove-sono-i.html

2 commentaires:

  1. Banal,déjà vu en 70-80.Ne débouche sur rien.

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  2. Quoi que tu puisses en penser, la tactique du Black Bloc telle qu'elle a prédominé parmi les anarchistes, autonomes, antifascistes et anti-autoritaires qui l'ont pratiqué jusqu'à aujourd'hui a permis à plusieurs générations de révolutionnaires de s'organiser de manière horizontale et sans hiérarchie pour mener des actions directes, des occupations, affronter la police ou prévenir la répression (et les arrestations) sans tomber dans le piège de la militarisation ou de la professionalisation de la contestation. En fait, sans les black blocs, c'est à se demander si les "pacifistes" ou les socio-démocrates auraient encore une existence dans les mouvements sociaux ou de révolte, puisqu'ils ne loupent jamais une occasion de saisir un micro pour cracher dessus lorsqu'ils apparaissent et vendre leur soupe idéologique. Les black bloc ne sont pas "la fin de toute chose", c'est une tactique, une pratique, une méthode parmi d'autre pour agir et lutter contre le pouvoir. C'est une manière collective (parmi d'autres encore une fois) de matérialiser l'antagonisme, de donner corps à la critique de cette société, del a faire vivre. Pour que "être contre la capitalisme" ça ne reste pas que des mots, des slogans, des meetings, des sit-ins, des rassemblements traine-savates, des manifs "promenade" plan-plan. Bref : qu'entre la violence oppressive et la violence répressive il existe aussi la violence révolutionnaire. Parce que je sais pas si tu le remarque : mais c'est pas avec des fleurs, des bulletins de vote et des beaux discours qu'on change le monde. Mais si tu as d'autres arguments, le débat est toujours ouvert. Une dernière chose, avant de donner des leçons, révises tes cours d'histoire militante : les premiers black blocs sont apparus en Allemagne à Berlin dans les années 80 (pas avant) au sein du mouvement des squats, en défense des espaces occupés.

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