Depuis deux ans aujourd’hui, Le Cri Du Dodo est un projet de contre-information sur les luttes sociales et de production théorique et critique qui nourri l’ambition de lier la question pratique de l’autonomie des luttes à celle des théories anarchistes et anti-autoritaires dans une perspective offensive.

Ce projet part aussi d’un double constat :

Premièrement, que l’ensemble des organisations révolutionnaires existantes se montrent de plus en plus incapables d’inscrire une projectualité dans le quotidien et la réalité sociale, en rejetant la confrontation avec l’Etat, en circonscrivant l’action directe aux initiatives de leurs chapelles ou à l’action syndicale, en délaissant l’antagonisme social et ses manifestations autonomes pour lui préférer l’idée que la construction organisationnelle serait  préalable à toute action ou agitation révolutionnaire, “plus urgente” ou devrait “primer”. En plus bien sur, de tendre à développer systématiquement des intérêts organisationnels propres, des bureaucraties plus ou moins formelles qui y correspondent, du monolithisme et une tendance marquée à la négociation et donc la collaboration avec les institutions et les classes dominantes.

Deuxièmement, que contrairement à certaines prétentions gauchistes médusées et à la mythologie journalistique et policière, tout porte à croire qu’il n’existe plus en france de réel mouvement autonome (ou même de “mouvance”) mais plutôt un éclatement de milieux, de groupes et d’individus qui souvent se croisent sans se regarder et ne manifestent aucune cohérence d’idées, de projet ou même de pratiques. Et que c’est un secret de Polichinelle. A quoi bon se mentir ? Et sinon, comment s’expliquer que certaines pratiques de cogestion, de sous-syndicalisme, de réformisme radical et de bureaucratie informelle se développent sans problèmes tout en se prétendant “autonomes” ? Comment expliquer aussi le fait que l’Etat puisse condamner avec autant de sévérité (instructions “anti-terroristes”,  et autres enquêtes interminables) des faits qui relèvent habituellement du petit délit lorsqu’ils sont reprochés à de fantasmatiques “anarcho-autonomes” et autre “ultra-gauche” ? Comment l’expliquer sans voir qu’aucune force sociale autonome cohérente ne se manifeste autrement que par des actions sporadiques de contestation qui ne peuvent que difficilement ou rarement être reliées entre elles sinon par une analyse de critique sociale, ou artificiellement par une construction médiatique et policière dans le but de s’inventer un nouvel épouvantail.

En outre, au delà de la nécessité absolue de jeter de l’huile sur le feu en toutes circonstances, de porter la contradiction, de propager la contre-information et de prendre part à des conflits sociaux existants (au moins par la parole), ce projet porte une prétention. Celle de participer modestement à l’élaboration de cette cohérence d’idées et de pratiques, à l’horizontalité de la forme autant que du contenu, et à la tentative de pousser toujours plus loin vers leurs point de rupture les situations et les luttes existantes (plutôt que de se réfugier dans des solutions sectaires ou dans la division du travail théorique), dès lors qu’elles semblent porteuses de potentialités radicales. Et à défaut, d’encourager à les créer. En bref, de participer à l’édification de luttes autonomes aussi multiples qu’offensives, et déterminées à en finir avec le Capitalisme, l’Etat et toutes les hiérarchies, médiations, dominations, et oppressions. Nous pensons qu’à partir de là et de là seulement, peut naitre “l’unité” tant appelée par certains : dans la complicité de la révolte, des idées et des pratiques partagées qui font mouvement.

D’autre part, le site déménage à sa date d’anniversaire sur Noblogs.org pour abandonner définitivement Blogger (blogspot.com, propriété de Google) pour un hébergeur simplement plus proche de cette démarche, moins enclins à fermer un site sans raison, refusant de balancer les identifiants et les logs de ses membres à des entreprises ou aux flics, et surtout n’agissant pas dans un esprit marchand. L’ancien site servira d’archives tant qu’il n’est pas effacé.

Enfin, il faudrait rappeler que la presse papier (tendant à se délocaliser sur internet par solution de facilité ou de “replis”) dans cette optique manque terriblement,  comme outils de partage d’informations et de réflexions qui se passent de main à la main et impliquent un réel rapport social, et non seulement une interaction par écrans interposés. Et qu’une version papier du journal devrait enfin voir le jour d’ici la rentrée. Il faudrait aussi rappeler que si elle n’a pu voir le jour plutôt, c’est aussi précisément parce que ce type de projet font cruellement défaut aux révolutionnaires, et qu’en mener un à maturation est plus que difficile. Mais pas impossible, à condition de bonne volonté, de rencontres et d’associations, et d’un peu d’organisation.          

Même avec des moyens rudimentaires.

A partir de là, et dès aujourd’hui, nous ouvrons donc le journal à des publications externes (et pourquoi pas à une participation à long terme) dès l’instant qu’elles s’inscrivent dans la démarche exposée plus haut et ne rentrent pas en contradiction avec celle-ci. En fonction évidemment aussi, des affinités.
A bientôt, ici ou ailleurs…
Vive la sociale !
Vive L’anarchie !